Bienvenue Généralité
Les rapaces et les hommes
Quelques espèces
Bonus


Les strigidés
  Composés de 23 genres et 166 espèces répartis dans le monde entier, ils forment la plus grande famille des Strigiformes. L'Europe héberge 10 genres et 16 espèces, et la France 7 genres et 8 espèces.
  Ils nous dévisagent de face avec leur gros yeux tout ronds et ont inventé bien avant l'homme le vol furtif, silencieux même dans l'ultrasonique. Leur voix emplissent la nuit de sons étranges: allant du cri sourd, au flûté, de long hurlement tremblé ou d'étonnant jappements mais également des gazouillis, de petits cris tendres, des gloussements à peine audibles aux abords des nids.
  Par-dessus tout, pendant que nous dormons, les Strigidés sèment la terreur chez les rongeurs...

Le grand-duc

  Géant des rapaces nocturnes, le grand-duc (Bubo bubo) égale l'aigle en puissance. Pour environ 1,65m d'envergure, il pèse 2 kg. Il possède des serres solides, armées d'ongles longs et crochus. C'est un oiseau magnifique de couleur généralement fauve, plus grisâtre en été, avec la poitrine rayée et tachetée de brun. Ses grands yeux orangés brillent dans un disque facial gris finement strié.
  Le grand-duc possède un régime très éclectique et un grand pouvoir d'adaptation. Il habite toutes les régions vallonnées, plus ou moins forestières, à condition qu'elles comportent des rochers, des falaises ou des gorges favorables à la reproduction.
Le nid peut se trouver dans un piton rocheux, un ravin, une petite falaise, un éboulis, une corniche, le plus souvent à la partie inférieure du relief.
  Il est peu difficile dans ses choix d'habitation et fais preuve d'une grande adaptation quant à son terrain de chasse: il fréquente les forêts claires, les pâturages, les alpages, les marécages, les steppes, les garigues, les maquis, les rocailles, les vallées, les ravins. Il est présent dans les hautes montagnes come sur le littoral accidenté, jusqu'à la Provence et la Roussillon. Le grand-duc chasse de préférence dans les premiers tiers de la nuit et à l'aube. Il consomme 50% de mammifères, essentiellement des lapins. En montagne il prend quelques lièvres mais surtout des campagnols des neiges. Il se nourrit également de mulots, de lérots, loirs et écureuils. Il a une prédilection pour les mustélidés (belette, hermine, martre et fouine). Il n'hésite pas à attaquer les carnivores (renardeaux et chats). Enfin il prend assez souvent d'autres rapaces tel que l'effraie, la hulotte ou plus rarement des rapaces diurnes (faucon crécerelle et buse). Quant aux passereaux, le nombre qu'il capture varie selon la saison, si les mammifères lui suffisent ou non pour combler ses besoins. Quelque fois il se nourrit d'alouettes, de traquets, de pigeons, de merles et de grives. Son menue est occasionnellement complété par des batraciens et de gros insectes.
  Comme les autres nocturnes, ce grand hibou est très sensible à la disponibilité de proies principales, ce qui règle sa fécondité donc sa densité.

   

Le hibou des marais

  Encore appelé brachyote (Asio flammeus), il ressemble quelque peu au moyen duc mais possède une silhouette plus trapue, aux aigrettes courtes souvent peu visibles, aux yeux d’or, une moins grande envergure (0,90m au lieu de 1,05m) et surtout des habitudes et un territoire bien différent.
  Il doit son nom au fait que son habitat est bien précis : région d’étangs, landes marécageuses, quelquefois dunes. Il se distingue des autres nocturnes par les caractéristiques suivantes : c’est un grand voyageur qui n’hésite pas à effectuer, souvent en petites troupes, de longs déplacements ; ses mœurs sont tout autant diurnes que nocturnes, en particulier à la saison des nids ; il pond au sol. Il déserte un site avec autant d’aisance qu’il en a pris possession dès que les proies viennent à manquer.
  On le reconnait à ses habitudes terrestres (il se pose fréquemment), son vol souple, tangué, à basse altitude, les ailes souvent relevées. Quant à son cri, il ne peut prêter à aucune confusion, c’est un aboiement de renard ou un jappement de mouette émis surtout en cas d’inquiétude. Son chant s’exprime en une succession de « bouboubouboubou » graves et prolongés, le plus souvent lors du vol nuptial qui est très beau. Le couple tournoie, louvoie, avec une légèreté remarquable ; de temps à autre le mâle se laisse tomber vivement en claquant des ailes à plusieurs reprises. La nichée (4 à 7) est cachée dans la végétation basse (bruyères, ajoncs des landes, graminées d’une friche ou petits saules espacés) sur un panier rudimentaires de brindilles et d’herbes. Le hibou des marais se reproduit précocement. Les jeunes naissent généralement de fin mars à fin avril. Plus encore que chez les autres rapaces, il existe une sélection naturelle inexorable au sein de la famille. Plusieurs fois les observations ont montré que les poussins les plus âgés dévorent leurs frères. Généralement deux ou trois jeunes survivent. A peine âgés d’une quinzaine de  jours, les jeunes hiboux quittent leur nid et se dispersent dans les fourrés ou les herbes. Ils volent à cinq semaines, mais les parents continuent de les alimenter. On entend alors jour et nuit leurs cris affamé. Cet oiseau est particulièrement courageux lorsqu’il s’agit de protéger sa progéniture. Il pourchasse les rapaces de toutes tailles, les hérons, les petits carnassiers, en poussant des cris suraigus et des aboiements de colère.
  Le régime du hibou des marais est presque uniquement basé sur la capture des campagnols. C’est pourquoi sa migration et sa nidification sont très irrégulières, au grès des changements qui affectent les populations de petits rongeurs.

     
La chouette de Tengmalm

  Sa taille est intermédiaire. Elle montre une tête globuleuse avec un disque facial étendu, rappelant celui de l’effraie. Ses tarses, de teinte claire, sont particulièrement emplumés. Ses ailes sont courtes mais sa queue est plus longue que chez les autres nocturnes. Elle ulule sur un ton qui évoque le chant de la huppe.
  Exclusivement nocturne et sylvestre, elle est confinée, en faible densité, aux vastes massifs de sapins et de hêtres de l’Est, du Jura, des Alpes, de l’Auvergne et des Pyrénées.

   
La chevêchette

  Cet étonnant rapace pygmée (taille à peine supérieur à 16cm) rappelle la chevêche. Mais la tête est plus ronde et les yeux jaunes très petits. Autre caractère distinctif : queue souvent dressée, agitée de soubresauts. C’est un chasseur émérite. Diurne à l’occasion, la chevêchette (Glaucidium passerinum) poursuit les oiseaux. Montrant une activité débordante, la nuit, elle capture les petits rongeurs. Elle cri souvent : ce sont des coups de sifflet saccadés, un peu grinçants. Le chant est plaintif, flûté. La chevêchette n’est visible qu’exceptionnellement, dans le cœur des hautes futaies de sapins centenaires qui subsistent sur certains versants du Jura, des Alpes et des Cévennes.

   
La chevêche d'Athéna

  Ce lutin rondelet (Athene noctua) est à la famille des chouettes ce que le scops est à la famille des hiboux. Qui ne connait ses grands yeux d’or, son vol bas, vif, ondulant, ses cris aigus, ses jappements, son chant doux et monotone, comme un roucoulement estompé ?
  Elle a une physionomie étrange, un air apparemment agressif : sa tête est plate, au front bas, aux yeux surmontés d’une arcade proéminente de teinte claire. La chevêche en état de surprise puis d’inquiétude se signale aussi à l’attention par cette curieuse mimique : elle exécute longuement avant de fuir des références saccadées. Sédentaire et autant diurne que nocturne, même en dehors de la saison des nichées, la chevêche fréquente habituellement les zones cultivées, les bocages, les vergers, les lisières de bois et les rocailles ‘uniquement dans les régions méridionales) mais rarement au-dessus de 1 000m d’altitude.
  Elle chasse presque toujours à l’affût, perché sur un poteau, un piquet, un fil, une borne, un bloc rocheux, un arbre mort ou le fait d’une habitation vétuste. Elle tombe avec agilité sur ses proies à terre et peut même en saisir au vol. Tout lui est bon, coléoptères, sauterelles, grillons, hannetons, lézards, batraciens, campagnols, mulots, musaraignes, petits oiseaux.
  C’est en mars-avril qu’elle niche, alors que la parade nuptiale se déroule au cœur de l’hiver. La ponte (4 à 6 œufs, ronds, blancs et lisses) est confiée sans apprêt à la sciure d’un trou d’arbre ou même à un terrier de lapin inoccupé, plus rarement à un grenier, une muraille. Les jeunes sont alimentés jour et nuit puis durant le mois qui suit leur envol. En cas d’abondance des ressources alimentaire, la chevêche peut nicher une seconde fois.

   
La hulotte

  C’est le plus répandue des rapaces nocturnes. Son chant fameux (hululement tremblé sonore et musical) est l’origine du sobriquet « chat-huant ». La hulotte (Strix aluco) émet en outre un cri strident, grinçant, miaulant qui serait le langage des femelles.
  L’espèce qui présente deux phases (rousse et grise, avec de nombreuses variétés intermédiaires) habite toute la France et ne semble guère difficile sur le choix de ses quartiers. Elle vit aussi bien dans les pays de bocage et les forêts de plaine que sur les coteaux boisés et en montagne (jusqu’à 1 800m d’altitude environ). On rencontre aussi dans les parcs et les jardins, même en ville. Elle aime les grands arbres espacés creux offrant repaires ou gîtes.
  Ses mœurs sont essentiellement nocturnes. A l’occasion, pendant l’élevage des jeunes, elle peut chasser en plein jour. Elle vole silencieusement sous la futaie, ou en lisière. Quelquefois, elle se poste à l’affût sur un arbre en bordure des chemins creux pour y surprendre les petits mammifères qui composent 75 % de son régime (campagnols surtout). Elle est donc l’un des plus précieux auxiliaires de l’agriculture.
  Sa demeure familiale est située le plus souvent dans un creux d’arbre ou un vieux nid de corneille, d’écureuil ou de rapace diurne. Les œufs (3 à 5) blancs, sphériques, sont plus rarement déposés dans une grange ou un trou de muraille. L’incubation dure un mois environ. Les poussins naissent vêtu d’un duvet cotonneux. Jusqu’à l’âge de quinze jours, la mère les protège et les nourrit en partageant avec sollicitude des proies apportées par le mâle qui chasse seul. Puis la femelle chasse à son tour. A  un mois, les jeunes hulottes se perchent dans les branches voisines en piaulant avec insistance.
  Il est dommage que ce rapace soit encore victime des pièges des gardes-chasse ou de certains paysans qui le fusillent pour le rapt de pigeonneaux… dont le plus souvent chats errants ou surmulots sont responsables.

   
Les tytonidés
  Cette famille est composées de 1 genre et 16 espèces, elle est la seconde moitié des strigiformes.
Cette famille est caractérisé par des oiseaux à grosse tête, aux disque facial large et en forme de coeur. Leurs pattes sont longues et possèdent de grands doigts puissants souvent finis par des serres recourbées et acérées. Comme les strigidés, les tytonidés possèdent un vol silencieux et des cris bien caractéristiques.
  Cette famille possède la plus grande des chasseresses nocturnes, la chouette effraie ...

La chouette effraie

  C’est la chouette des clochers que nos ancêtres immolaient sur les portes des granges. Son cri désagréable est fort impressionnant. L’effraie (Tyto alba) chuinte, ronfle, jette une plainte déchirante. De fait, ce bel oiseau au plumage somptueux (face, corsage et ventre blanc, dos roux-orangé ou doré finement ponctué de bleu-argenté) hante non seulement les clochers, mais aussi les donjons, les murailles, les ruines, les bâtiments de ferme, enfin les rochers et les grands arbres crevassés.
  Son envergure est identique à celle de la hulotte. On les distingue au coloris de l’habit et au langage. Le regard de l’effraie est également sombre. Quant à son disque facial immaculé, il affecte dans l’inquiétude la forme d’un cœur. L’effraie à des membres déliés, une silhouette svelte et distinguée.
  Ses mœurs sont uniquement nocturnes, même au cours de la reproduction, ce qui n’empêche pas l’effraie de voler avec aisance en plein jour si elle a été chassée de son repaire.
  Elle subsiste encore en grand nombre dans les campagnes. Sa densité varie considérablement avec la disponibilité des proies et la concurrence des autres nocturnes. Elle manque cependant en montagne et répugne à vivre dans les zones accidentées au-dessus de 500, 700m d’altitude.
  La chouette des clocher est foncièrement sédentaire. Toutefois, on assiste à des déplacements en groupes accidentels, surtout l’hiver à la suite d’une brusque fluctuation de population parmi les petits mammifères. En effet, les campagnols (60%), les musaraignes (30%), les souris et les rats composent la majeure partie de ses menus.  Elle les digère d’ailleurs avec une rapidité étonnante. Contrairement à la plupart des rapaces, l’effraie rejette deux pelotes en 24h au lieu d’une seule, le plus souvent au même endroit. On les trouve accumulées dans les greniers, les combles, les clochers, les tours. Ces pelotes sont formées par les poils et les os durs des proies, faisant fonction d’écouvillon dans son estomac ainsi nettoyé des substances inassimilables. Elles sont caractéristiques : noirâtres, luisantes, compactes et de forme généralement ovale, plus volumineuses que celles rejetées par le hibou et la hulotte.

   

Haut de page